Les festivités du Printemps Proustien organisées à Chartres et à Illiers-Combray pour célébrer le centenaire du Prix Goncourt décerné à Marcel Proust furent une éclatante réussite.
L’Académie Goncourt s’était déplacée en nombre pour investir la Collégiale de Chartres dans laquelle se tenait le Salon du Livre, rythmé par les conférences des meilleurs spécialistes, Raphaël Enthoven, Luc Fraisse ou encore Jérôme Bastianelli, président des Amis de Proust dont l’association a puissamment contribué au succès de ce premier Printemps Proustien.
L’Hôtel Littéraire Le Swann n’était pas en reste, réunissant, juste avant leur départ pour l’Eure-et-Loir, les illustres jurés du prix Goncourt, accompagnés d’écrivains proustiens de renom autour d’un déjeuner au menu 100% Marcel Proust ! Velouté de petit pois, bœuf carottes en gelée, endives précoces et tartare de légumes de saison, salade de têtes d’asperges blanches et canard et pommes confites au Calvados de Normandie : des entrées que n’auraient pas reniées Françoise ou Céleste.
Côté plat, on pouvait goûter au jambon d’York vanté par Françoise sous le nom de jambon de Nev’-York dans la Recherche :
« Et dès la veille Françoise avait envoyé cuire dans le four du boulanger, protégé de mie de pain comme du marbre rose ce qu’elle appelait du jambon de Nev’-York. Croyant la langue moins riche qu’elle n’est et ses propres oreilles peu sûres, sans doute la première fois qu’elle avait entendu parler de jambon d’York avait-elle cru — trouvant d’une prodigalité invraisemblable dans le vocabulaire qu’il pût exister à la fois York et New-York — qu’elle avait mal entendu et qu’on aurait voulu dire le nom qu’elle connaissait déjà. Aussi, depuis, le mot d’York se faisait précéder dans ses oreilles ou devant ses yeux si elle lisait une annonce de : New qu’elle prononçait Nev’. Et c’est de la meilleure foi du monde qu’elle disait à sa fille de cuisine : « Allez me chercher du jambon chez Olida. Madame m’a bien recommandé que ce soit du Nev’-York. »
Marcel Proust, A l’ombre des jeunes filles en fleurs
Gigot rôti et sole normande figuraient évidemment au menu, accompagnés des douceurs proustiennes attendues de tous: madeleines, crème au chocolat, fromage blanc aux fraises fraîches et corbeilles de cerises.
Les invités semblaient ravis de découvrir les lettres manuscrites exposées dans l’hôtel comme cette longue réponse de Marcel Proust à un certain Harry Swann, qui s’interrogeait sur l’utilisation de son nom par l’écrivain désormais connu grâce à la renommée du prix Goncourt. Françoise Chandernagor ne perdit pas une miette des explications sur le choix du nom de Swann pour un des grands personnages de la Recherche.
Thierry Laget, l’auteur de Proust, prix Goncourt. Une émeute littéraire aux éditions Gallimard, également président de l’association des Amis de Jacques Rivière et d’Alain-Fournier, figurait parmi les invités aux côtés de Pierre Assouline, Tahar Ben Jelloun, Daniel Picouly, Patrick Mimouni, Jean-Claude Lamy, Claude Arnaud, Elyane Dezon-Jones, Laure Hillerin, Jérôme Bastianelli, Jean Rouaud, Sylvie Germain, Jean-Marc Quaranta, etc.
Olivier de Brabois, président du Printemps Proustien, réussit à s’inscrire dans la tradition des discours capables d’allier l’humour à la concision, comme le fit juste avant lui Jacques Letertre, président des Hôtels Littéraires.
Tout ce petit monde se rendit dans l’après-midi à Chartres pour participer aux nombreux événements prévus.
Le lendemain, 18 mai, au sein du Salon du Livre, Evelyne Bloch-Dano et Jacques Letertre, aux côtés de Philippe Aubier, de la Librairie Fontaine Haussmann, annonçaient solennellement les finalistes du Prix Céleste Albaret :
- La vraie vie de Vinteuil de Jérôme Bastianelli aux Editions Grasset et Fasquelle
- Marcel Proust et Reynaldo Hahn de Philippe Blay, Jean-Christophe Branger et Luc Fraisse aux éditions Classiques Garnier
- Tout un monde d’Anne de Lacretelle aux Editions de Fallois
- Proust, prix Goncourt de Thierry Laget aux éditions Gallimard
- Le bréviaire de La recherche du temps perdu de François de Combret aux éditions Droz
Chaque année depuis 2015, le prix Céleste Albaret récompense le meilleur écrit proustien de l’année.
Pour cette cinquième édition, le déjeuner de délibération aura lieu le 12 juin au restaurant le “21” à Paris avec les membres du jury : Antoine Compagnon, Michel Erman, Laure Hillerin, Jacques Letertre, Mireille Naturel, Jürgen Ritte et Évelyne Bloch-Dano, lauréate 2018, pour Une Jeunesse de Marcel Proust aux Editions Stock, récemment paru en poche.
Le nom du lauréat 2019 sera révélé le mercredi 19 juin à l’Hôtel Littéraire Le Swann pour un nouveau rendez-vous d’exception.