Comme chaque année, les Hôtels Littéraires participeront à la Nuit de la lecture.
Mais en raison du contexte sanitaire et de la fermeture momentanée de nos hôtels, nous avons choisi un format virtuel.
Chaque hôtel participera à la Nuit de la lecture en proposant une ou plusieurs vidéos qui seront diffusées sur nos réseaux sociaux la nuit du 23 janvier 2021, moment phare de cet événement.
Ce sont les directrices, entourées de leurs équipes, qui vous proposeront une série d’extraits de leur écrivain en se mettant au scène au sein même de leur hôtel.
À Rouen, la directrice de l’Hôtel Littéraire Gustave Flaubert, Delphine Questel, accompagnée de huit lecteurs, lira la nouvelle de Flaubert, Un cœur simple, extraite des Trois contes et dont voici les premières lignes :
“Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont-l’Évêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité.
Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, — qui cependant n’était pas une personne agréable.
Elle avait épousé un beau garçon sans fortune, mort au commencement de 1809, en lui laissant deux enfants très jeunes avec une quantité de dettes. Alors, elle vendit ses immeubles, sauf la ferme de Toucques et la ferme de Geffosses, dont les rentes montaient à 5,000 francs tout au plus, et elle quitta sa maison de Saint-Melaine pour en habiter une autre moins dispendieuse, ayant appartenu à ses ancêtres et placée derrière les halles…
Elle se levait dès l’aube, pour ne pas manquer la messe, et travaillait jusqu’au soir sans interruption ; puis le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûche sous les cendres et s’endormait devant l’âtre, son rosaire à la main. Personne, dans les marchandages, ne montrait plus d’entêtement. Quant à la propreté, le poli de ses casseroles faisait le désespoir des autres servantes. Économe, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain, — un pain de douze livres, cuit exprès pour elle, et qui durait vingt jours.”
À Clermont-Ferrand, la directrice de l’Hôtel Littéraire Alexandre Vialatte, Muriel Imbert, accompagnée de plusieurs lecteurs, livrera un mélange de chroniques polaires bien en accord avec la saison.
Au menu, plusieurs extraits de l’Almanach des quatre saisons et des chroniques telles que “L’esquimau”, “Neige sur Paris”, “Encore du loup, toujours du loup !”, “Par ces froids polaires”, et “Chronique des tut-tut et des vouac vouac extrait d’Eloge du homard et autres insectes utiles”.
“Il semble bien que le bonheur n’existe plus. Depuis le temps on l’aurait retrouvé. Ou alors, il y a quelque chose : peut-être a-t-il roulé sous un meuble ? Peut-être l’homme s’est-il assis dessus ? Ou encore il ne s’aperçoit pas ? Comme on cherche ses lunettes en oubliant qu’on les a sur le nez. Mais le plus probable est qu’il n’existe plus.[…] Résumons-nous : le bonheur ne cause que des ennuis. Le mieux est de ne pas s’en occuper. S’il vient, tant mieux pour nous, s’il part, tant pis pour lui. La pire erreur est de le chercher ou de vouloir le rattraper. Le bonheur est un papillon : il va, il vient à son idée, l’ombre de la main l’effarouche. S’il existait, on l’aurait su. Depuis qu’on le cherche on l’aurait trouvé. Ce n’est pas autre chose qu’une idée fixe.”
À Biarritz, le futur Hôtel Littéraire Jules Verne étant en travaux, Edwige Dupuch, a choisi quelques passages du plus célèbre roman vernien : Le Tour du monde en quatre-vingts jours.
« Eh bien, oui, Monsieur Fogg, dit-il, oui, je parie quatre mille livres !…
— Mon cher Stuart, dit Fallentin, calmez-vous. Ce n’est pas sérieux.
— Quand je dis : je parie, répondit Andrew Stuart, c’est toujours sérieux.
— Soit ! « dit Mr. Fogg. Puis, se tournant vers ses collègues :
« J’ai vingt mille livres (500,000 fr.) déposées chez Baring frères. Je les risquerai volontiers…
— Vingt mille livres ! s’écria John Sullivan. Vingt mille livres qu’un retard imprévu peut vous faire perdre !
— L’imprévu n’existe pas, répondit simplement Phileas Fogg.
— Mais, Monsieur Fogg, ce laps de quatre-vingts jours n’est calculé que comme un minimum de temps !
— Un minimum bien employé suffit à tout.
— Mais pour ne pas le dépasser, il faut sauter mathématiquement des railways dans les paquebots, et des paquebots dans les chemins de fer !
— Je sauterai mathématiquement.
— C’est une plaisanterie !
— Un bon Anglais ne plaisante jamais, quand il s’agit d’une chose aussi sérieuse qu’un pari, répondit Phileas Fogg. Je parie vingt mille livres contre qui voudra que je ferai le tour de la terre en quatre-vingts jours ou moins, soit dix-neuf cent vingt heures ou cent quinze mille deux cents minutes. Acceptez-vous ?”
À Paris, dans le 18e arrondissement, Frédérique Hanssens et l’équipe de l’Hôtel Littéraire Marcel Aymé liront intégralement la nouvelle emblématique de Montmartre Le Passe-muraille :
« Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75 bis de la rue d’Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire et il était employé de troisième classe au ministère de l’Enregistrement. En hiver, il se rendait à son bureau par l’autobus, et, à la belle saison, il faisait le trajet à pied, sous son chapeau melon.
Dutilleul venait d’entrer dans sa quarante-troisième année lorsqu’il eut la révélation de son pouvoir. »
À Paris, dans le 10e arrondissement, Sandrine Lefevre a laissé son équipe choisir leurs poèmes préférés d’Arthur Rimbaud :
“Le Dormeur du val”, “Ma Bohême”, “Les Orphelins”, “Bonne pensée du matin”, “Sensation”, “Ô saisons, ô châteaux”.
“Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.”
“Sensation”
À Paris, à l’adresse de Marcel Proust au Swann, dans le 8e arrondissement, Cynthia Kalfon proposera avec son équipe un préface méconnue de Marcel Proust, écrite pour l’une de ses traductions de Ruskin, Les Sésames et les lys et intitulée “Sur la lecture” :
“Qui ne se souvient comme moi de ces lectures faites au temps des vacances, qu’on allait cacher successivement dans toutes celles des heures du jour qui étaient assez paisibles et assez inviolables pour pouvoir leur donner asile. Le matin, en rentrant du parc, quand tout le monde était parti “faire une promenade”, je me glissais dans la salle à manger où, jusqu’à l’heure encore lointaine du déjeuner personne n’entrerait que la vieille Félicie relativement silencieuse, et où je n’aurais pour compagnons, très respectueux de la lecture, que les assiettes peintes accrochées au mur, le calendrier dont la feuille de la veille avait été fraîchement arrachée, la pendule et le feu qui parlent sans demander qu’on leur réponde et dont les doux propos vides de sens ne viennent pas, comme les paroles des hommes, en substituer un différent à celui des mots que vous lisez.”
Rendez-vous le 23 janvier à partir de 19h sur nos réseaux sociaux pour découvrir ces lectures en vidéo, sur nos comptes Facebook et Instagram
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