“Le Rimbaud japonais” par Jacques Letertre
À côté de la photo iconique d’ Arthur Rimbaud par Carjat, le jeune homme au chapeau Chūya Nakahara est considéré comme le « Rimbaud japonais ».
Né en 1907, ce poète révolté mourut à 30 ans après n’avoir publié que deux livres. Son goût de la vie de bohème, une fascination pour la religion chrétienne, une francophilie affirmée, tout le prédisposait à subir de plein fouet la découverte de Rimbaud. À un point tel qu’il devint le traducteur des poèmes de Rimbaud, en 1934, et de sa correspondance avec Verlaine.
Il poussa l’influence rimbaldienne jusqu’à écrire des haiku à la manière de Rimbaud.
Quasi inconnu de son vivant, il est aujourd’hui un poète très populaire, sujet de thèses universitaires comme de mangas.
Mais pour beaucoup, il reste le passeur de Rimbaud au Japon, lui qui mourut avant d’avoir pu accomplir son rêve qui était d’aller sur la tombe de Rimbaud à Charleville.
La version bilingue de la traduction des Poèmes de Rimbaud par Chūya Nakahara figure dans la bibliothèque de l’hôtel Littéraire Arthur Rimbaud.
Elle a rejoint une édition bilingue du « Bateau ivre » en papier Japon de 52 pages avec un dessin original de cruches brisées.
Parmi nos autres ouvrages bilingues, figurent l’édition chez Rinsen Book.co à Kyoto en deux tomes : l’un est la copie en 1992 de l’édition de 1919 chez Messein des Poésies en fac similé de Rimbaud coll « les manuscrits des maîtres » avec la préface de Paterne Berrichon, l’autre est la traduction en japonais sur cent pages des poèmes traduits par Nakahara.
Nous disposons par ailleurs d’un exemplaire d’une « Saison en enfer » traduit par Hideo Kobayashi. Kobayashi qui est l’auteur de nombreux essais sur Rimbaud dont le célèbre « Arthur Rimbaud trancheur de vie » est surtout connu comme critique littéraire.
Les traductions de Kobayashi et de Nakahara continuent à être considérés comme la référence même si certains ont voulu y voir des œuvres à part entière plutôt que des traductions, préférant l’autre version plus littérale de 2020 chez Iwamami que l’Hôtel Littéraire Arthur Rimbaud possède également.
Les relations entre les deux écrivains sont complexes puisque si c’est bien Kobayashi qui fit découvrir Verlaine et Rimbaud à Nakahara, c’est aussi Kobayashi qui partit un jour avec la fiancée de Nakahara.
Jacques Letertre