“Grâce à l’art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu’il y a d’artistes originaux, autant nous avons de monde à notre disposition” estimait Marcel Proust.
Jusqu’au 23 juillet 2018, c’est le monde de “Mary Cassatt (1844-1926), une impressionniste américaine à Paris” que le musée Jacquemart-André vous invite à (re)découvrir, non loin de notre Hôtel Littéraire Le Swann.
Conçue comme une rétrospective, l’exposition temporaire réunit en effet cinquante œuvres majeures – huiles, pastels, dessins et gravures – de la seule peintre américaine à avoir exposé avec le groupe des impressionnistes à Paris. Passée maître dans la représentation des scènes intimes de la vie familiale, Mary Cassatt vécut soixante années en France, et en Europe comme aux États-Unis, se rendit particulièrement célèbre pour sa réinterprétation à la fois moderniste et féministe du thème de la mère à l’enfant.
Mary Cassatt, Bébé dans un costume bleu, regardant par dessus l‘épaule de sa mère, vers 1883-1885, huile sur toile, 72,9 x 59,9 cm, Inv. CAM 1928.222, Cincinnati Art Museum, John J. Emery Fund © Cincinnati Art Museum
Si nous n’avons pas de trace de correspondance entre l’artiste américaine et Marcel Proust, nous savons qu’à la fin des années 1890, Charles Ephrussi, ami du jeune écrivain et directeur de la Gazette des Beaux-Arts avait acheté des toiles de Mary Cassatt. On peut supposer qu’il les avait montrées à celui qui allait devenir l’une des figures les plus importantes de la littérature mondiale ou lui avait tout du moins parlé de cette étonnante femme artiste, de surcroît résolument dreyfusarde comme lui.
Sûre de ses convictions politiques elle l’était aussi de ses goûts artistiques et en véritable ambassadrice de l’art moderne, elle contribua à faire connaître outre-atlantique les peintres impressionnistes tant admirés par Marcel Proust. Des peintres dont elle était elle-même très proche, puisqu’à l’invitation d’Edgar Degas, son mentor, elle avait rejoint leur groupe dès 1877. Comme eux, elle cultivait la vivacité de la touche, jouait des effets de lumière et de la juxtaposition des couleurs, aimait à suggérer la vie tout en donnant l’impression d’inachevé, de flottement coloré.
Mary Cassatt, La Tasse de thé, vers 1880-1881, huile sur toile, 92,4 x 65,4 cm, Inv. 22.16.17, New York, The Metropolitan Museum of Art, From the Collection of James Stillman, Gift of Dr. Ernest G. Stillman, 1922, photo © The Metropolitan Museum of Art, Dist. RMN-Grand Palais / image of the MMA
De ses amis impressionnistes elle se démarquait cependant par les sujets traités, préférant aux paysages les portraits de proches, les scènes de la vie intime et particulièrement les maternités. Féministe convaincue, Mary Cassatt considérait qu’il revenait aux artistes femmes de dépeindre l’univers proprement féminin, et sans avoir jamais eu d’enfant elle-même, entendait valoriser la place de la femme, en redonnant ses lettres de noblesse à la tendresse maternelle, un thème ancien restitué sous son pinceau dans sa touchante modernité.
Récurrentes dans son œuvre, les mères à l’enfant ne sont cependant pas seules à peupler l’univers pictural de Mary Cassatt. Saisies sur le vif dans l’intimité sereine de leur intérieur, on y côtoie aussi, de riches femmes élégantes et cultivées, inspirées de ses proches, soeurs ou amies. A l’extérieur, c’est dans un décor naturel apaisé et harmonieux que les figures féminines prennent place : là des jeunes filles au jardin accèdent à l’éducation en cueillant symboliquement les fruits de la connaissance ; ailleurs sur une barque une mère et sa fille mirent, tel Narcisse, leurs reflets dans l’eau, démontrant ainsi leur capacité d’introspection.
Mary Cassatt, Été, vers 1894-1895, huile sur toile, 100,6 x 81,3 cm, Inv. 1988.25, Terra Foundation for American Art, Daniel J. Terra Collection, 1988.25 © Terra Foundation for American Art, Chicago
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A noter enfin, l’adresse parisienne de Mary Cassatt fut à partir de 1887 et jusqu’à la fin de ses jours le 10, rue de Marignan, dans le 8e arrondissement, non loin de notre Hôtel Littéraire Le Swann et surtout à proximité des Jardins des Champs-Elysées, où Marcel Proust, adolescent retrouvait Marie de Bénardaky, un des modèles de Gilberte dans la Recherche.
En partenariat avec le musée Jacquemart André, notre établissement 4 * entièrement consacré à Marcel Proust propose à ses visiteurs deux entrées gratuites “Mary Cassatt” pour toute réservation de quatre nuits minimum, et les invite à pénétrer plus profondément encore l’univers esthétique et littéraire de la Belle Epoque !
https://www.hotel-leswann.com/
Solveig Conrad Boucher