Les Editions de Fallois publient le 9 octobre les Nouvelles inédites de Marcel Proust récemment découvertes. Grâce à leur amabilité, nous vous livrons ici en exclusivité les premières lignes de la nouvelle qui donne son titre à l’ensemble du recueil, Le Mystérieux Correspondant :
« « Ma chérie je te défends de revenir à pied, je vais faire atteler, il fait trop froid, tu pourrais prendre du mal. » Françoise de Lucques avait dit cela tout à l’heure en la reconduisant à son amie Christiane et maintenant qu’elle était partie elle avait des remords de cette phrase maladroite bien insignifiante si elle eût été dite à une autre qui pouvait inquiéter la malade sur son état. Assise près du feu où elle se chauffait tour à tour les pieds et les mains, elle se posait la question qui la torturait : Pourrait-on guérir Christiane de cette maladie de langueur. On n’avait pas encore apporté les lampes. Elle était dans l’obscurité. Mais maintenant comme de nouveau elle chauffait ses mains le feu éclairait leur grâce et leur âme. En leur beauté résignée de tristes exilées dans ce monde vulgaire on pouvait lire aussi clairement les émotions que dans un regard expressif. Habituellement distraites elles s’allongeaient avec une langueur douce. Mais ce soir au risque de froisser la tige délicate qui les portait si noblement elles s’épanouissaient douloureusement comme des fleurs tourmentées. »
Jacques-Emile Blanche (1861-1942). Portrait de Marcel Proust, 1892
Paris, musée d’Orsay© RMN-Grand Palais (Musée d’Orsay) / DR
En attendant de lire la suite de ces précieuses nouvelles, Jacques Letertre, président des Hôtels Littéraires, nous livre ici ses premières impressions de lecture :
Jacques Letertre |