L’Hôtel Littéraire Le Swann vient d’acquérir une lettre autographe du philosophe Paul Desjardins, adressée à Marcel Proust.
Ecrite entre 1893 et 1899, son auteur s’amuse à dresser le catalogue d’une petite bibliothèque idéale pour le futur écrivain, où il recommande quelques titres par ordre chronologique :
Voici ce qu’en dit Jacques Letertre, président des Hôtels Littéraires, qui a organisé l’achat de ce nouveau manuscrit destiné à rejoindre la collection des Hôtels Littéraires :
” Paul Desjardins, dont le frère est un condisciple de Proust à Condorcet, a envoyé au jeune Proust au milieu des années 1890 ce catalogue pour une petite bibliothèque idéale.
Guère plus de trente livres allant des Évangiles à Fromentin tout en passant par Châteaubriand ou Milton.
L’ensemble de cette liste sera visible à l’Hotel Littéraire le Swann qui vient d’en acquérir l’original, dès sa réouverture en septembre.
À noter que Proust a montré sa reconnaissance à Paul Desjardins en en faisant un personnage de la Recherche (une forme d’éternité).
Dans sa biographie, Jean-Yves Tadié qui cite Paul Desjardins 7 fois, rappelle le portrait que Desjardins fit de Proust :
« Ce jeune prince persan aux grands yeux de gazelle, aux paupières alanguies ; respectueux, onduleux, caressant, inquiet, quêteur de délices, pour qui rien n’est fade ; irrité des entraves que la nature met aux tentatives de l’homme – surtout de l’homme qu’il était, si frêle .. »
Paul Desjardins apparaît en effet dans la Recherche quand Legrandin en recommande la lecture à Combray :
“Connaissez-vous, monsieur le liseur, me demanda-t-il, ce vers de Paul Desjardins : Les bois sont déjà noirs, le ciel est encor bleu. N’est-ce pas la fine notation de cette heure-ci ? Vous n’avez peut-être jamais lu Paul Desjardins. Lisez-le, mon enfant ; aujourd’hui il se mue, me dit-on, en frère prêcheur, mais ce fut longtemps un aquarelliste limpide…” (Pléiade, I, p. 118-119).
La lettre se termine ainsi : “etc., etc. (pas trop). Et maintenant que la sincérité ne vous abandonne jamais !
Paul Desjardins”.