Jules Verne et le jeu : une passion d’écrivain
Jules Verne fait régulièrement l’objet de références et de citations dans l’actualité ; en témoigne le très beau discours de Kamel Daoud, prononcé en juillet 2023, à l’occasion d’un gala pour sa prise de fonctions en tant que professeur à Sciences Po.
À lire absolument, en suivant ce lien vers le journal Vanity Fair qui publie en intégralité cette ode à Jules Verne, à la mer et à la liberté :
On ne compte plus les romans de Jules Verne dont l’aventure est initiée par un pari impulsif : Kéraban-le-têtu, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Le Rayon vert,
liée au déchiffrement d’un message codé : Les Enfants du capitaine Grant, Voyage au centre de la terre, La Jangada, Mathias Sandorf, Les Indes Noires,
livrée au hasard d’une tempête : Un capitaine de quinze ans, L’île mystérieuse, Deux ans de vacances;
et d’un billet de loterie : Bourses de voyage, Un billet de loterie,
ou soumise aux caprices de testaments farfelus : Les Tribulations d’un Chinois en Chine, Le Testament d’un excentrique.
Dans l’un de ses derniers romans, Le Testament d’un excentrique, publié en 1898, Jules Verne met sens dessus-dessous les États-Unis d’Amérique en les découpant chacun comme les 63 cases d’un vaste jeu de l’oie grandeur nature, dont il numérote l’itinéraire et définit les pièges sur une carte.
Ses personnages, tirés au sort pour participer à ce jeu au départ de Chicago et dont le vainqueur obtiendra la fortune du milliardaire excentrique William J. Hypperbone, sont ballotés dans le pays, au gré des coups de dés et du hasard.
« Roman du jeu et jeu sur le roman », la modernité de la construction de ce livre a inspiré des auteurs aussi divers que Michel Butor, Raymond Queneau ou Georges Perec.
Jules Verne pourrait ainsi être le créateur du premier « Escape game », tout comme il est le premier à écrire le roman du tour du monde en 1872. L’exploit venait d’être rendu possible grâce au percement du canal de Suez et à la jonction du chemin de fer américain Ocean to Ocean, rejoignant le Pacifique et l’Atlantique. Il eut le génie de choisir le moment idéal pour en raconter la geste, reléguant les autres au rang d’imitateurs.
Il salua avec enthousiasme celui réalisé par une jeune journaliste américaine, Nellie Bly, qui fut la première femme à boucler un tour du monde en 72 jours, battant ainsi le record de Phileas Fogg.
Collections de l’Hôtel Littéraire Jules Verne
L’on doit à Pierre-Jules Hetzel, éditeur historique de Jules Verne, l’idée d’habiller ses « Voyages extraordinaires », de splendides cartonnages polychromes : « dos au phare », avec les plats « à l’obus », « à un éléphant », ou « à la mappemonde », tant prisés par les collectionneurs.
Pour s’initier à la science du décor des cartonnages verniens, on pourra relire ce petit article avec profit :
« La passion du collectionneur dépasse toutes les autres en violence. » affirmait le chroniqueur Alexandre Vialatte...
L’Hôtel Littéraire Jules Verne à Biarritz présente une importante collection de ces reliures d’éditeur dans ses vitrines, non loin de plateaux de jeux de l’oie de l’époque, dont les dessins sont inspirés des épisodes du Tour du monde en quatre-vingts jours : deux exemplaires de versions éditées en 1910 montrent la grande vogue de ce jeu de société.
Deux séries de quatre puzzles d’époque représentant des épisodes du Tour du monde comme « Le bûcher de l’infortunée Aouda », « L’arrivée du Mongolia et de Passepartout » ou « L’Henriette à toute vapeur sur Liverpool » sont également exposés, non loin d’un puzzle représentant le paquebot des couvertures Hetzel, le fameux « plat au steamer ».
Visite virtuelle dans l’Hôtel Littéraire Jules Verne
Pour mieux découvrir les collections exposées dans l’hôtel, une visite virtuelle « Sur les pas de Jules Verne », guide les visiteurs dans l’établissement et ses alentours, comme un véritable jeu de piste, avec de nombreuses énigmes à résoudre, inspirées par les romans de l’écrivain.
Hélène Montjean