Le mystérieux gros chat de Colette
par Jacques Letertre

« À l’espèce chat, je suis redevable… d’un grand empire sur moi-même, d’une aversion caractérisée pour les sons brutaux et d’un besoin de me taire longuement.”

Oui,je pense bien qu’il se plie mal à toute discipline d’hygiène qui n’est pas celle du « Seigneur Chat ». Mais le Seigneur Chat lui-même aime les prés, leur odeur, et daigne marcher sur ses délicats pieds de chat. Ce qu’il y a, c’est que Philippe est d’une terrible jeunesse, et que son rythme de fauve connaît seulement deux temps : fougue, – immobilité ; – bonds, profond sommeil … Chère Hélène, voyez combien je me mêle de commenter votre Philippe ! C’est que je ne sais pas aimer peu, et je me demande, – et je vous demande, – si vous viendrez aux Aigues à la fin de l’été ?


Une soirée de lancement aura lieu le mardi 28 janvier 2025 ; jour anniversaire de la naissance de Colette -, à 19h à l'Hôtel Littéraire Le Swann (11 rue de Constantinople, Paris VIIIe).
« Ce n’était pas un chat, mais un beau petit fauve, grand, comme un chien de chasse, que m’avait donné votre oncle. Un fauve pur, venu du Tchad, avec son caractère intact de fauve, une merveille qui n’avait pas d’ancêtres domestiqués. Que n’ai-je pu le garder. C’était une femelle de 21 mois, magnifique, elle grattait le plat de sciure comme une chatte propre. Dans son pays d’origine, ces charmants fauves mangent les moutons, tout ce qui sentait un peu la laine, la rend folle… »
« Un matin, Berthelot débarque au ministère tenant en laisse une panthère du Tchad baptisée Bâ-Tou qui partage son bureau au grand émoi des visiteurs.”
« … Sauvage, innocente, gaie, terrible parfois, elle accourait quand son maître… ouvrait la porte et disait « Viens ». Elle s’asseyait sur le bureau Louis XV et feuilletait de sa sévère patte les documents qui, je veux le croire, intéressaient la paix des peuples… ».
Très rapidement, ne sachant la gérer, il la donne à Colette. Dans un premier temps Colette est enthousiaste :
« Elle rapprocha ses sourcils à ma vue, sauta à terre et commença sa promenade de fauve… Elle vient du Tchad, me dit son maître, elle pourrait venir aussi de l’Asie, c’est une once, sans doute. Elle s’appelle Bâ-Tou, ce qui veut dire « le chat » et elle a 20 mois. … Elle était grande comme un chien épagneul, les cuisses longues et musclées, attachées à un large avant-train plus étroit, la tête assez petite coiffée d’oreilles fourrées de blanc, peintes au dehors de dessins noirs et gris, rappelant ceux qui décorent les ailes des papillons crépusculaire. Une mâchoire petite et dédaigneuse, des moustaches raides comme l’herbe sèche des dunes.”