Des nouvelles du prix Céleste Albaret – Entretien avec Philippe Aubier, de la librairie Fontaine Haussmann

 

 

 

 

HL – En 2022, nous commémorons les 100 ans de la mort de Marcel Proust. Du côté des livres, comment s’annonce cette année proustienne, pour vous qui êtes à la fois le propriétaire de la Librairie Fontaine Haussmann, la librairie de Proust, et le secrétaire général du prix Céleste Albaret ?

PA – Il s’agit bien sûr d’une année importante et qu’il faut, je crois, rapprocher de l’année 2021 où l’on a célébré le 150e anniversaire de sa naissance. Ainsi, en cumulant ces deux années, on compte plus de cent cinquante ouvrages sur Marcel Proust qui ont été publiés et qui seront publiés d’ici la fin 2022  : des rééditions, des études, des romans, des bandes dessinées et des biographies de personnages qui ont gravité autour de Marcel Proust, dont la première consacrée à Céleste Albaret , ou encore à Alfred Agostinelli. L’activité éditoriale autour de Proust est foisonnante ! Je pense qu’il n’y a pas un seul auteur français aujourd’hui vivant ou mort qui puisse rivaliser avec lui.

En conséquence pour le prix Céleste Albaret, que nous avons créé avec Jacques Letertre en 2015, le choix ne manque pas. Et si nous connaissons-là deux années exceptionnelles, il convient de noter que chaque année, en dehors de celles-ci, ce ne sont pas moins d’une quinzaine d’ouvrages qui paraissent.

 

 


HL – Quel bilan tirer de ce premier Festival Proust de la plaine Monceau, “Le Paris retrouvé de Marcel Proust”, dont vous êtes l’un des partenaires organisateurs avec le musée Jean-Jacques Henner et l’Hôtel Littéraire Le Swann ?

Le succès a été total et les amateurs de Proust n’ont pas caché leur joie de participer à ce Festival. Il faut dire que la programmation était excellente, les intervenants particulièrement bien choisis et légitimes pour parler de Proust. Douze jours de festival, 34 événements entremêlant conférences, concerts, promenades, expositions et même un bal… Les fous de Proust ont eu de quoi se réjouir !

Plus de 2000 personnes auront participé à ce festival. Le coût de cet événement a été entièrement pris en charge par les organisateurs, sans aucune aide publique. Ce n’est pas rien et je suis particulièrement heureux de cette réussite qui repose sur trois partenaires : les Hôtels Littéraires et l’Hôtel Littéraire Le Swann, le musée Jean-Jacques Henner et la librairie Fontaine Haussmann. Un quartier nous réunit, celui de la plaine Monceau, que nous avons eu à cœur de faire découvrir et connaître. C’est pour nous trois l’occasion de faire savoir que qu’une vie culturelle de qualité existe rive droite.

 

 

 

HL – Que pouvez-vous nous révéler sur la sélection du prix Céleste Albaret 2022 et sur la composition du jury ?

PA – Comme je l’ai dit tout à l’heure nous ne manquerons pas cette année encore de livres à proposer pour le prix. Il reste que ce choix doit se faire en ne perdant pas de vue l’esprit du prix Céleste Albaret. Sa vocation est d’honorer la mémoire de Marcel Proust, non en vertu de critères académiques – il ne s’agit pas de récompenser une thèse universitaire par exemple -, mais de couronner un livre qui allie intelligence et  plaisir, d’approfondir l’œuvre, son auteur et tout ce qui tourne autour ; et ce dans tous les domaines, essais, biographies, romans et même comme cela a été le cas en 2021, la bande dessinée.

Ce qui commande nos choix, c’est la gourmandise. Nous avons pour cela un jury exceptionnel d’éminents proustiens, très divers dans leurs profils. Cette diversité des intelligences fait du prix Céleste Albaret le plus prisé des prix proustiens aujourd’hui. Le jury est composé de sept membres, auxquels s’ajoute le lauréat de l’année précédente. Jean Yves Tadié, après avoir reçu le prix en 2020 et nous avoir accompagné en 2021, a accepté de rejoindre de façon permanente la liste des membres du jury. C’est un immense honneur qu’il nous fait et un crédit supplémentaire pour la notoriété du prix Céleste Albaret .

 

 

Photographe © Laurent Méliz. Droits réservés

 

Ce jury prestigieux est composé de membres qui participent activement à l’actualité proustienne en publiant des essais toujours remarqués ; c’est le cas d’Antoine Compagnon – récemment élu à l’Académie française -, de Laure Hillerin, de Michel Erman, de Jürgen Ritte – en langue allemande -, et de Jean Yves Tadié, ou en partageant  – comme le fait Jacques Letertre -, des documents inédits provenant des collections des Hôtels Littéraires.

J’aime citer la formule de Jean-Claude Lamy disant Céleste Albaret “est entrée par la porte de service dans la plus vaste légende littéraire du XXe siècle”. Rendre Proust plus populaire, plus léger et moins solennel à travers la personnalité de Céleste Albaret, sa gouvernante dévouée, tel est la vocation de ce prix, tout en récompensant des livres de qualité fidèles à la mémoire de Marcel Proust. Céleste Albaret aurait aimé, par exemple, l’adaptation en bande dessinée de Stéphane Heuet des deux premiers tomes de la Recherche mais aussi le côté pétillant des romans de Pierre-Yves Leprince, lauréat du prix en 2016.

Il est encore trop tôt pour donner la liste des quatre ou cinq livres qui seront retenus pour concourir au prix. Celle-ci sera communiquée début mai.

Nous vous donnons rendez-vous pour la remise du prix prévue le mercredi 29 juin à l’Hôtel Littéraire Le Swann !

 

 

Propos recueillis par Hélène Montjean