“Sur les pas de Dubuffet en Auvergne” – Exposition au MARQ de Clermont-Ferrand, du 8 juillet au 30 octobre 2022
L’exposition organisée par le musée d’art Roger-Quilliot (MARQ) à Clermont-Ferrand à partir du 8 juillet 2022, dont l’Hôtel Littéraire Alexandre Vialatte est partenaire et prêteur, vient de recevoir le label “exposition d’intérêt national”.
En voici le texte de présentation officiel :
“L’exposition « Sur les pas de Dubuffet en Auvergne » apporte un regard neuf sur Jean Dubuffet en présentant son rapport avec l’Auvergne.
Jean Dubuffet est une figure majeure du XXe siècle dont l’œuvre et la pensée prolifiques ont marqué durablement la scène artistique moderne et contemporaine. Près de 40 ans après sa mort, le rapport de cet artiste avec l’Auvergne n’a jamais été traité en tant que tel, bien que le lien avec celle-ci soit fort. L’Auvergne est citée à plusieurs reprises dans ses écrits comme modèle d’authenticité en accord avec sa vision idéale de la ruralité.
L’exposition « Sur les pas de Dubuffet en Auvergne » apportera un regard neuf sur l’artiste. Elle présentera les œuvres que Dubuffet a créées à Durtol, les relations artistiques et littéraires qu’il a tissées en Auvergne, ainsi que sa vision de notre territoire. L’Auvergne est avant tout et surtout une terre d’inspiration et d’amitiés. C’est ce que l’exposition cherche à mettre en avant, en éclairant les liens que Dubuffet tissa avec Henri Pourrat au château de Saint-Genès-la-Tourette en 1945, et plus tardivement, avec Alexandre Vialatte et Philippe Kaeppelin. En s’arrêtant sur le séjour à Durtol en 1954-1955, l’exposition rend hommage à Lili Dubuffet, dont la présence et le rôle ont été souvent minorés dans la biographie de Dubuffet.
La relation avec Vialatte est mise à l’honneur à travers les mentions de Dubuffet dans La Montagne.
Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le Ministère de la Culture qui lui apporte, à ce titre, un soutien financier exceptionnel de l’État.”
L’Hôtel Littéraire Alexandre Vialatte a consacré l’une de ses chambres à Dubuffet dans laquelle nous citons cette délicieuse chronique :
“On me demande pourquoi j’aime Dubuffet. J’aime Dubuffet parce qu’il est charmant ! D’abord il a des petits cheveux tondus ras, bien frottés à la toile émeri, qui lui font un crâne de légionnaire, des yeux bleus en toile de Vichy, bien lavés de frais, qui se souviennent d’on ne sait quels fjords ; (…) C’est un lyrique, un humoriste, un grand poète et un écrivain de première force. Il a le goût, la mesure, le bon sens. Pas dans ses toiles, ses toiles sont poétiques ; la poésie n’a rien à voir avec le goût, elle n’a à voir qu’avec l’abîme. On me dit qu’il est scandaleux. Pourquoi ? Parce qu’il peint des vaches vertes. Mais d’abord toutes les vaches sont vertes, ensuite si elles ne l’étaient pas, il faudrait les inventer telles, et c’est précisément parce qu’elles ne le sont pas qu’il est beau de les peindre vertes. (…) J’aime Dubuffet parce qu’il a peint quatorze vaches qui ne sont pas les vaches de tout le monde. Ce ne sont plus des vaches, ce sont des vachissimes, avec des pieds en fourchette. Mieux : des minauderies et des grâces printanières.”
Alexandre Vialatte, « Que peut-on penser de Monsieur Dubuffet ? », Chronique parue dans Arts, 27 octobre 1954 ; préface de « Jean Dubuffet et le grand magma », Arléa 1988.
C’est une véritable amitié et une admiration réciproque qui unit Alexandre Vialatte et Jean Dubuffet. Celui-ci avait pourtant commencé par refuser d’illustrer sa traduction du Procès de Kafka en 1947. Mais cela n’empêcha pas Vialatte de lui consacrer pas moins de treize chroniques et de venir à Vence le regarder travailler plusieurs étés.
Tous deux ont la passion de l’insolite et de l’incongru, le goût du paradoxe et de ce qu’ils appellent « la nouveauté du banal ». Dubuffet précise : « La chronique cocasse de mes travaux d’Alexandre Vialatte en restitue peut-être le lieu propre de manière plus frappante que tous les écrits d’autres commentateurs. J’ai toujours eu la cocasserie en haute estime ; il m’a toujours semblé qu’il y a une parenté entre les plus hauts moments de l’art et les raccourcis saugrenus qui déclenchent le rire. »
On pourra lire avec profit leur Correspondance(s) : Jean Dubuffet-Alexandre Vialatte, Lettres, dessins et autres cocasseries 1947-1975 (Le signe de la Licorne, 2004), qui illustre leur amitié facétieuse. L’Hôtel Littéraire Alexandre Vialatte en possède dans sa bibliothèque le tirage de tête de l’édition originale, prêté au MARQ à l’occasion de cette exposition.