“Il y avait à Montmartre, au troisième étage du 75 bis de la rue d’Orchampt, un excellent homme nommé Dutilleul qui possédait le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé. Il portait un binocle, une petite barbiche noire et il était employé de troisième classe au ministère de l’enregistrement. En hiver, il se rendait à son bureau par l’autobus et à la belle saison, il faisait le trajet à pied, sous son chapeau melon.”
Marcel Aymé, Le Passe-muraille
Le Passe-muraille sait encore traverser les murs de Montmartre puisqu’il vient de s’installer à son nouveau domicile montmartrois, l’Hôtel Littéraire Marcel Aymé, rue Tholozé, sous la forme d’une épreuve monumentale en plâtre.
C’est la réplique de la célèbre sculpture du Passe-muraille, réalisée par l’acteur Jean Marais (1913-1998) sous les traits de Marcel Aymé. En hommage à l’écrivain et au héros de sa nouvelle, l’œuvre fut installée en 1989 dans le renfoncement de la rue Norvins, devenue place Marcel Aymé, l’auteur ayant habité au 5e étage de l’immeuble.
Il se murmure que les mains du Passe-muraille auraient pour modèle celles de Jean Cocteau…
Dans la nouvelle Le Passe-muraille, Dutilleul est un modeste employé de bureau au ministère de l’Enregistrement à Montmartre. Il découvre subitement qu’il a le pouvoir de traverser les murs et se sert de cette faculté pour se venger d’humiliations au bureau, commet des cambriolages et devient un homme riche, avant d’être jeté en prison et de s’en évader.
Tombant amoureux d’une jolie femme croisée rue Lepic, il traverse les murs pour la retrouver, au nez et à la barbe du mari jaloux, jusqu’au jour où, perdant son don, il reste définitivement figé à l’intérieur d’une muraille, rue Norvins.