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“Proust et d’Annunzio”, rencontre avec Maurizio Serra, de l’Académie française
18 janvier 2023|19 h 00 min - 20 h 30 min
Auteur d’une remarquable biographie, D’Annunzio le magnifique (Grasset, 2018), Maurizio Serra proposera une réflexion sur les relations entre les deux écrivains,
accompagné de Stéphane Guégan, conseiller scientifique auprès de la Présidence du musée d’Orsay.
Lectures par le comédien Pierre-François Garel.
Proust était un lecteur de D’Annunzio, qu’il cite très fréquemment dans sa correspondance et dans son œuvre. Tous deux ont évoqué les thèmes de la mémoire involontaire, l’intermittence des sentiments, la multiplicité du moi, la conception de I’amour et de l’art, la valeur symbolique de Venise, la prédilection pour la peinture des primitifs italiens et flamands, le pouvoir évocateur des aubépines.
…je n’avais encore fait que quelques pas dans les salons avec la duchesse de Guermantes quand une petite dame brune, extrêmement jolie, l’arrêta : « Je voudrais bien vous voir. D’Annunzio vous a aperçue d’une loge, il a écrit à la princesse de T… une lettre où il dit qu’il n’a jamais rien vu de si beau. Il donnerait toute sa vie pour dix minutes d’entretien avec vous. En tout cas, même si vous ne pouvez pas ou ne voulez pas, la lettre est en ma possession. Il faudrait que vous me fixiez un rendez-vous. Il y a certaines choses secrètes que je ne puis dire ici…
Le due de Guermantes n’ était pas enchanté de ces offres. Incertain si Ibsen ou d’Annunzio étaient morts ou vivants, il voyait déjà des écrivains, des dramaturges allant faire visite à sa femme et la mettant dans leurs ouvrages.”
Marcel Proust, Sodome et Gomorrhe
4e de couverture :
“On a du mal à concevoir aujourd’hui que Gabriele D’Annunzio (1863-1938) fut l’écrivain-personnage le plus entouré, le plus imité, le plus jalousé de son temps. Henry James, Shaw, Stefan George, Heinrich et Thomas Mann, Karl Kraus, Hofmannsthal, Kipling, Musil, Joyce, Lawrence, Pound, Hemingway, Brecht, Borges et tous les Français – de Remy de Gourmont jusqu’à Cocteau, Morand, Yourcenar – trois générations d’intellectuels l’ont lu, étudié et copié, quitte à le renier ou l’oublier par la suite.
Une légende, noire et rose à la fois, a fleuri abusivement autour d’un homme hors norme, dont le talent protéiforme, l’exceptionnelle vitalité et le courage physique, le goût de se dépasser en tout domaine, évoquent irrésistiblement le Minotaure de Picasso. Ce livre se propose de le faire redécouvrir tel qu’il fut.
D’Annunzio n’a pas été tour à tour poète, romancier, auteur dramatique, séducteur qui défraya la chronique de son temps, aviateur, héros de la guerre, condottiere, Comandante à Fiume, jusqu’aux dix-sept dernières années de repli volontaire dans son palais du Vittoriale sur le lac de Garde, souvent revêtu d’un froc de bure. Il fut, du début à la fin, un poète de l’action, composé de tous ces éléments divers, un barde que le mouvement soulève, que le repli paralyse et que l’inertie tue. Non pas un aventurier, mais un véritable prince de l’aventure, précurseur des Lawrence d’Arabie, Saint-Exupéry, Malraux, et Romain Gary, qui se sont inspirés de lui.”